lundi 17 décembre 2018

Les Roses



Dans l’asphalte des villes,
Il n’y a plus de roses
Seuls les narcisses osent
Pousser dans ce chaos, cette immonde saleté
S’admirant longuement, les yeux collés à leurs reflets,
Épris de la beauté de leurs propres nombrils rosés

Il y a une multitude de gens
Aux yeux plus grands que le ventre
Qui coupent sans remord et sans peine
Les veines aux mélodies des feuillages

Dans une ultime pulsation
Les enroués battements des feuilles
Entonnent une toute dernière chanson
Aux oisillons dans leurs nids
Au sommet des arbres meurtris

Des parois de fer et de béton sont érigés
À place des champs et des forêts
Et le ventre de la terre, si infâmement violé
N’enfante plus que des tours verticales
Que de poignard en main, s’en vont égorger le ciel

Non, là-bas, des roses il n’y en a pas
Des roses il n’y en a plus, là-bas
Et s’il y en avait, de dégoût se tueraient
Il ne reste, dans les jardins, que des êtres inhumains
Qui s’entremangent, salivant le sang de tous les innocents

Ils sont si occupés au jeu du prédateur qui mange l’agneau
Qu’ils ne voient même plus que le jour nouveau
Noyé dans son propre mucus ensanglanté
Se meure in utérus, mort-né dans son berceau.

(Carmen Cupido, traduction et adaptation au français du poème
« O asfalto das cidades » in Na Matriz da Palavra, 2010)